Axe 6
Histoire du monde
Cet axe coordonne les recherches menées sur les relations, les échanges, les transferts que des sociétés et des cultures élaborent entre elles, qu’elles soient proches ou bien éloignées spatialement les unes des autres. Les chercheurs proposent différentes approches de ces interactions – politiques, économiques, sociales et culturelles – et les associent souvent. Les confrontations violentes ne sont pas négligées, à travers la conquête, le conflit, l’exploitation et la domination, comme sont envisagés les modes de résolution des affrontements.
Les Sous-axes
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Histoire internationale
de l’Europe et du monde
Sous-Axe 1
• Les relations internationales •
• Projet ProsoDip •
Etudes aréales et transnationales
Sous-Axe 2
• Histoire politique, sociale et culturelle du Brésil (XVIIIe-XIXe s.) •
• Mondes anglophones •
• La fabrique du consentement à l’ère des révolutions. Discours, médias, réseaux, entrepreneurs et publics du conservatisme dans le monde atlantique (1760-1820) •
• La Russie et le monde occidental •
Economies mondialisées
Sous-Axe 3
• Le rôle du monde des affaires dans la dynamique de croissance des nations industrialisées et émergentes •
• Le développement dans les régions du Moyen-Orient et du sud de la Méditerranée aux XIXe et XXe siècles •
• Les milieux de la banque et de l’ingénierie industrielle (fin XVIIe-début XXe siècle) •
• Les Communautés européennes dans l’espace mondialisé •
Histoire internationale
de l’Europe et du monde
Sous-axe 1
La notion d’ « histoire internationale » permet de trouver un équilibre entre l’étude
de la sphère étroite de la décision et celle des sociétés, pour aborder les constructions internationales
en intégrant les déplacements humains, l’opinion publique et les résistances populaires.
Une telle histoire internationale permet un dialogue interdisciplinaire
avec des chercheurs dans le domaine du droit, de la littérature, des sciences ou de l’art.
Pour les périodes médiévale et moderne, en donnant une nouvelle impulsion à l’histoire des cours
et des relations internationales dans une approche plurielle.
Les relations internationales
Les relations internationales comme étude des sociétés confrontées à la violence de guerre et des recompositions géopolitiques issues des négociations diplomatiques, des congrès de paix et de l’application des traités. Une attention particulière est portée aux organisations supranationales ou transnationales, comme l’Église catholique ou la société des princes européens. L’examen s’étend à l’intégration des réalités mondiales au sein des constructions et des discours d’origine européenne. De même, la situation des femmes dans les cercles internationaux de pouvoir n’est pas absente de ces approches historiques. Le cérémonial est aussi abordé comme un support de la distinction et de la communication politiques. Ces recherches s’appuient sur les vastes correspondances laissées par les ambassadeurs, envoyés, résidents, consuls, dans les archives européennes.
Projet ProsoDip ou Prosopographia Diplomatica
Le présent projet vise à créer un outil numérique de référence pour tous les travaux d’histoire des relations internationales à l’Époque moderne, afin de le mettre à la disposition des chercheurs aussi bien que du grand public : il entend développer une base de données prosopographique collaborative et disponible en ligne des acteurs de la diplomatie européenne entre 1500 et 1800.
Etudes aréales et transnationales
Sous-axe 2
Le Centre Roland Mousnier compte dans ses rangs de nombreux spécialistes d’aires lointaines ou de pays étrangers.
Ils cumulent une grande expérience de leurs terrains respectifs, une connaissance de leurs langues et, naturellement,
une forte expertise disciplinaire. Le Centre abrite ainsi une des rares chaires universitaires consacrées en France à l’histoire du Brésil ;
il compte également d’importantes communautés de spécialistes des îles Britanniques à l’époque moderne
ou de la Russie du XVIe au XIXe siècle.
Chaire d'histoire du Brésil et Centre du Brésil
Alors qu’il existait une longue tradition des études brésiliennes à l’université de la Sorbonne, chez les linguistes, les civilisationnistes et les littéraires, un pas supplémentaire a été franchi avec la création au milieu des années 1980 d’une chaire d’histoire du Brésil, rattachée au Centre Roland Mousnier, dont le professeur Pierre Chaunu, un des fondateurs de l’histoire atlantique, était également membre. Il faut souligner l’originalité de cette chaire au moment de sa création. En France, c’était un moment où l’histoire extra-européenne comme on l’appelait alors, n’était pas vraiment à la mode. Au Brésil, qui sortait juste de la dictature, les études d’histoire étaient encore peu développées à part dans les universités du sud du pays, seules quelques universités avaient des programmes d’études doctorales.
Depuis plus de trente ans, l’université de la Sorbonne a maintenu cette chaire et un centre d’histoire du Brésil s’est développé au sein du Centre Roland Mousnier. S’y sont succédés, jusqu’en 2022, des professeurs de grande renommée au Brésil et chez les Brésilianistes du monde entier, auteurs de grands livres qui sont des références. Katia de Queiros Mattoso, spécialiste de la Bahia du XIXe siècle et de l’esclavage, Luiz-Felipe de Alencastro, qui a repensé l’histoire du Brésil à partir de l’échelle de l’Atlantique Sud, et Laura de Mello e Souza, autrice de plusieurs grands livres d’histoire sociale et culturelle du Brésil, du XVIe au XVIIIe siècle.
Cette chaire a toujours eu une grande importance pour le Brésil, à cause du prestige culturel de la Sorbonne et de la France. Des générations de chercheurs brésiliens, étudiants et enseignants, sont régulièrement venus à la Sorbonne pour des séjours de recherche. Ils y étaient toujours bien accueillis et participaient au séminaire de master d’histoire du Brésil ainsi qu’aux journées d’études et colloques régulièrement organisés. Des thèses y ont été soutenues.
Une collection “Centre du Brésil” aux PUPS y a même été créée avec la publication de plusieurs volumes sous la co-direction de Katia Queiros Mattoso, La naissance du Brésil moderne (1999), Le Brésil, l’Europe et les équilibres internationaux (1999) Modèles politiques et culturels au Brésil (2003) et sous la co-direction de Laura de Mello e Souza, Le Moment 1816 des sciences et des arts. Saint Hilaire, Ferdinand Denis et le Brésil (2022).
En 2022, c’est une historienne française, Charlotte de Castelnau-L’Estoile qui a été élue sur ce poste, elle est spécialiste de l’histoire du Brésil colonial et en particulier du rôle du catholicisme dans la construction de cette société multiethnique et esclavagiste. Elle a enseigné trois semestres à l’Universidade federal fluminense (UFF) à Rio de Janeiro en 2010-2011 et y a fait de nombreux séjours universitaires. Les temps ont changé depuis la fondation de la chaire. L’histoire globale est devenue importante dans le champ des études historiques et le Brésil est un véritable laboratoire pour ce type d’histoire avec ses héritages amérindien, africain et européen et l’importance des circulations tout au long de son histoire. Le Brésil est lié aux mondialisations successives de l’époque moderne et de l’époque contemporaine.
Au Brésil, les études d’histoire se sont largement développées et des programmes doctoraux existent désormais dans de nombreux états du pays, contribuant à enrichir l’historiographie de cet immense pays très varié. Le Centre du Brésil du Centre Roland Mousnier a toujours pour vocation d’accueillir les chercheurs, étudiants et enseignants, qui souhaitent s’immerger dans la vie universitaire française et qui veulent avoir accès aux importantes sources historiques sur le Brésil qui existent en France (Bibliothèque nationale, Archives nationales, Bibliothèque Sainte Geneviève, Museum). Il a aussi pour vocation de faire découvrir les multiples richesses de l’histoire et l’historiographie du Brésil en France. En ce sens, il doit se tourner non seulement vers le Brésil mais aussi vers d’autres lieux où se fait l’histoire du Brésil en Europe comme entre autres, le CHAM à Lisbonne, l’université de Salamanque, l’université d’Oxford et aux Etats-Unis ; il s’agit ainsi de montrer aux chercheurs français, étudiants et enseignants, l’intérêt de l’histoire du Brésil.
Sorbonne Université continue de développer des partenariats avec le Brésil comme le programme de Licence International (PLI) ou l’accueil des étudiants de la Fondation Getulio Vargas et le Centre du Brésil du Centre Roland Mousnier a vocation à s’intéresser à ces programmes qui témoignent que le Brésil est une priorité de la politique internationale de notre université.
Le Centre du Brésil prévoit d’organiser deux journées d’études au printemps 2023 “Un Tribunal à l’échelle du monde : l’Inquisition portugaise (1536-1821). Nouvelles recherches” organisée avec Bruno Feitler (Unifesp) et à l’automne 2023 ” Les Français, la terre du Brésil et l’Atlantique 1500-1630 : interactions et circulations” avec Oury Goldman (LARHA).
Histoire politique, sociale et culturelle du Brésil (XVIIIe-XIXe siècles)
Les recherches de Laura de Mello sur la pauvreté et les inégalités sociales au Brésil ont mis en évidence l’existence d’un monde de déclassés vivant à la fois en dedans et en dehors du monde de l’esclavage. Cela permet de penser la permanence d’un phénomène de longue durée dans l’histoire du Brésil : l’existence simultanée d’une accumulation d’immenses richesses et de processus violents d’exclusion et d’appauvrissement. Ce travail se poursuit sur les relations entre inégalités, différences et violences dans le Brésil des XVIIIe et XIXe siècles, en mettant l’accent sur l’héritage esclavagiste comme élément de perpétuation des structures inégalitaires.
Mondes anglophones
Le Centre Roland Mousnier compte plusieurs spécialistes d’histoire des îles Britanniques formés à l’étude des textes aussi bien que des archives (Frédérique Lachaud, François-Joseph Ruggiu, Jean-François Dunyach, Stéphane Jettot, Jean-Louis Quantin). Le Centre a hébergé jusqu’en 2018 le Groupement de Recherche « Mondes britanniques » du CNRS, dirigé par Jean-François Dunyach, qui a associé plus d’une soixantaine d’historiens et de « civilisationnistes » spécialistes des mondes britanniques d’une quinzaine d’universités françaises, de l’histoire médiévale à l’histoire contemporaine. Cette structure de financement et de promotion de la recherche française dans le domaine de l’histoire des mondes britanniques, en facilitant la coopération entre tous les acteurs de ce champ et en aidant les doctorants et les jeunes chercheurs, a créé une dynamique de collaborations encore illustrée par le séminaire franco- britannique pluridisciplinaire d’histoire qui se tient, depuis 2005, à Sorbonne-Université avec le soutien financier du Centre Roland Mousnier, du département de langue et civilisation anglophones de Sorbonne Université et d’une demi-douzaine de centres de recherches d’autres universités, en partenariat avec l’Institute of Historical Research de Londres.
La fabrique du consentement à l’ère des révolutions. Discours, médias, réseaux, entrepreneurs et publics du conservatisme dans le monde atlantique (1760-1820)
Ce projet vise à dessiner, à travers l’étude des conditions concrètes de la formulation de l’expression politique dans le monde atlantique à l’époque des révolutions (1760-1820), les traits, originaux comme déjà en mouvement, du conservatisme tel qu’il s’est déployé par la suite à l’époque contemporaine.
Echanges et transferts depuis la sphère britannique
Jean-François Dunyach
Sorbonne Université
Un autre axe de ses recherches porte sur les échanges et transferts depuis la sphère britannique, se propose d’amorcer l’analyse des réseaux épistolaires et scientifiques de l’Université d’Édimbourg à l’époque des Lumières à travers un premier cas remarquable, le mathématicien et géologue John Playfair (1748-1819). Les archives de ce grand professeur de mathématiques et de philosophie naturelle, déposées dans les fonds de l’Université d’Édimbourg, constituent une source de première main pour évaluer et cartographier les vastes réseaux européens, atlantiques et ‘impériaux’ d’une institution remarquable. Le projet envisage de mobiliser des ressources cartographiques étendues, visant à proposer une représentation élargie du rayonnement des institutions universitaires écossaises des Lumières.”
La Russie et le monde occidental
Le groupe de recherche EURUS (Europe-Russie) travaille sur les investissements scientifiques, technologiques et financiers en Russie du XVIIIe au XXe siècle. Francine-Dominique Liechtenhan porte particulièrement l’accent sur la Russie dans le contexte international à l’époque moderne et l’étude comparée des étrangers en Russie au XVIIIe siècle afin de cerner leur contribution à la transformation du pays initiée bien avant Pierre le Grand. Xavier Labat Saint-Vincent se consacre à l’étude du commerce maritime au XVIIIe siècle, dominé, en Russie, par les Hollandais et Anglais. Thierry Claeys travaille sur la création d’entreprises étrangères en Russie au XIXe siècle, notamment sur les banques françaises.
Economies mondialisées
Sous-axe 3
L’approche des théories européennes de l’industrialisation appliquée au reste du monde est le cadre problématique des travaux de ce sous-axe : « Économies mondialisées ». Sur la base des questions des économistes concernant les dynamiques de croissance et de globalisation d’un côté et des traditionnelles interrogations des historiens de l’autre, il a paru souhaitable de mobiliser les récents apports de la business history et des recherches en microéconomie de l’entreprise, de l’État et de la consommation.
Le rôle du monde des affaires dans la dynamique de croissance des nations industrialisées et émergentes
Les recherches de Dominique Barjot cherchent à définir le rôle du monde des affaires dans la dynamique de croissance des nations industrialisées et émergentes, en explorant leurs performances, leurs stratégies et leurs types d’organisation, en prenant en compte les implications sociales, culturelles et environnementales du comportement des acteurs appartenant à ce monde des affaires. Parce qu’il concerne fondamentalement le comportement des acteurs économiques, le projet débouche sur une étude des processus de prises de décisions. Il les appréhende à la fois d’un point de vue macroéconomique, celui des agents institutionnels de la comptabilité nationale (firmes industrielles ; banques et institutions financières, ménages, administrations publiques et privées, reste du monde), et d’un point de vue microéconomique, sous l’angle du comportement des agents individuels, au sens néo-classique du terme.
Le développement dans les régions du Moyen-Orient et du sud de la Méditerranée aux XIXe et XXe siècles
Caroline Picquet
Sorbonne Université
Caroline Piquet se pose la question du développement dans les régions du Moyen-Orient et du sud de la Méditerranée aux XIXe et XXe siècles, en procédant par une variation d’échelles : l’échelle microéconomique avec l’étude de l’entreprise et de son environnement immédiat, l’échelle nationale afin d’insérer les questions économiques et sociales dans le cadre de la construction de l’État moderne et l’approche macroéconomique pour une réflexion sur l’action des capitaux européens dans l’ensemble sud méditerranéen. Cette analyse repose sur une double démarche d’histoire économique et d’histoire sociale. En histoire économique, l’accent sera mis par Caroline Piquet sur l’action des capitaux internationaux en système colonial et sous l’angle plus contemporain des rapports entre les pays du Nord et du Sud. En histoire sociale, l’étude portera sur les impacts de l’activité de l’entreprise multinationale sur son environnement. Un autre axe de recherche concernera les modèles de développement économique des pays de la région à travers la question de l’énergie et des infrastructures portuaires et maritimes (en particulier pour les pays du Golfe et l’Égypte).
Les milieux de la banque et de l’ingénierie industrielle
(fin XVIIe-début XXe siècle)
Les recherches de Thierry Claeys portent sur les milieux bancaires parisiens à partir du milieu du règne de Louis XIV jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, et sur leurs investissements dans les secteurs industriels diversifiés ainsi que dans les compagnies de commerce, maritimes, ferroviaires, d’assurances, tant en France qu’à l’Étranger. Ce projet doit donner lieu à la publication de deux dictionnaires, l’un portant sur les entreprises bancaires parisiennes, l’autre sur les banquiers parisiens et leurs familles.
Un deuxième volet de recherche s’intéresse aux milieux de l’ingénierie industrielle français, en particulier les enseignants de l’École Centrale des Arts et Manufactures de 1829 à la fin du XIXe siècle.
Les communautés européennes dans l’espace mondialisé
Le travail de Christophe Réveillard porte sur le fait que les Communautés européennes apparaissent comme le processus d’intégration économique multilatéral le plus abouti dans l’espace mondialisé, et dont l’Union européenne poursuit le parachèvement. Il s’agit d’observer la progression de cette politique d’intégration au sein du marché intérieur par les politiques communautaires et leur théorisation à destination du reste du monde, de l’étranger proche jusqu’aux politiques multilatérales à l’échelon mondial. L’analyse de l’inscription des unions régionales inter-européennes par les Communautés, puis l’UE, dans l’espace continental européen en voie d’intégration au long du XXe siècle s’appuie d’une part sur la méthodologie propre à l’histoire économique et sociale, et d’autre part sur celle de l’histoire diplomatique