AXE 4
Systèmes politiques,
de l’Ancien Régime
au début de
l’époque contemporaine
Dès l’origine, l’histoire politique a figuré parmi les champs d’étude du Centre Roland Mousnier :
c’est toujours le cas aujourd’hui, et c’est l’axe 4 qui perpétue cette tradition.
Toutefois, au sein du laboratoire, la recherche en histoire politique s’est récemment réorganisée :
deux directions principales se sont nettement dessinées, qui structurent désormais le fonctionnement de l’axe.
Les Sous-axes
D’une part, des chercheurs, réunis au sein du sous-axe 1, consacrent leurs travaux à l’histoire politique de la France d’Ancien Régime, avec une attention privilégiée pour les institutions de la monarchie, entendues au sens large.
D’autre part, des chercheurs, réunis au sein du sous-axe 2, examinent les systèmes impériaux à l’échelle européenne et mondiale, à travers les cas de quelques puissances d’envergure planétaire : l’Espagne, le Portugal et la France.
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Institutions françaises d’Ancien Régime
Sous-Axe 1
• Le parlement de Paris au XVIe siècle : histoire, politique et religion •
• Mise en ligne et rétroconversion du Catalogue des actes de Henri II •
• Publication de la correspondance et des papiers d’État du cardinal de Richelieu •
• Édition critique du journal du président Lefèvre d’Ormesson de Noiseau (1771-1774) •
Analyse des systèmes impériaux
Sous-Axe 2
• Territorialiser les espaces modernes, XVe-XIXe siècle •
• La fuite des rois : Savoies, Bourbons et Bragances dans la crise de l’Ancien Régime (1798-1808) •
• Pour une histoire impériale des colonies françaises, 16e-19e siècle •
Institutions françaises
d’Ancien Régime
Sous-axe 1
L’histoire des institutions françaises d’Ancien Régime a toujours tenu une place majeure au sein du laboratoire,
comme en témoigne, de manière symbolique, le nom qui lui a été attribué : celui de Roland Mousnier,
qui fut l’auteur de contributions majeures dans ce champ disciplinaire.
Le sous-axe 1 perpétue cet héritage, en privilégiant une certaine approche intellectuelle
et un certain type de production scientifique.
L’approche intellectuelle est celle qui faisait déjà la force d’un Roland Mousnier, à savoir la volonté farouche d’articuler, d’une part, l’analyse précise de l’organisation politique et juridique de l’État – au besoin en s’appropriant pleinement les compétences de l’histoire du droit –, et d’autre part, la compréhension totale des conditions économiques et sociales de son fonctionnement.
Quant au type de production historiographique privilégié, il s’agit de l’édition critique de sources essentielles de l’histoire institutionnelle de l’Ancien Régime. L’ambition de ce sous-axe est de mener à leur terme des projets d’érudition – certains engagés depuis des décennies, d’autres définis tout récemment –, avec pour objectif de mettre à la disposition de la communauté scientifique des sources de grande valeur, dans des conditions de publication satisfaisant aux plus grands exigences.
L’une des forces du sous-axe 1 est de pouvoir porter des projets d’édition critique pour les trois siècles de l’Ancien Régime,
grâce à des chercheurs spécialistes de chacun d’eux : Sylvie Daubresse et Roseline Claerr pour le XVIe siècle ;
Marie-Christine Vignal-Souleyreau pour le XVIIe siècle ; Reynald Abad pour le XVIIIe siècle.
Le parlement de Paris au XVIe siècle :
justice, politique et religion
Archiviste paléographe et ingénieure de recherche au CNRS, Sylvie Daubresse a pour mission de publier des sources concernant le parlement de Paris et l’Histoire de France au XVIe siècle, sous la forme de bases de données et d’éditions critiques de textes. Elle en assure la valorisation en participant à des colloques et en intervenant dans des séminaires de Master II. Elle en permet la diffusion dans la communauté scientifique grâce à la publication de monographies et d’actes de colloques.
Mise en ligne et rétroconversion
du Catalogue des actes de Henri II
Le Catalogue des actes de Henri II, roi de France de 1547 à 1559, est l’un des volets de la séculaire et prestigieuse Collection des ordonnances des rois de France, commencée sous le règne de Louis XIV, qui référence les textes majeurs à partir desquels ont pu se construire les actions politique, législative, administrative et diplomatique des souverains français non seulement au sein de leur royaume mais également en celui de l’espace européen. Cette grande enquête patrimoniale s’inscrit dans les axes de recherche que le Centre Roland-Mousnier consacre à l’histoire des États et de leurs institutions à l’époque moderne. Son projet de mise en ligne, fruit d’une collaboration entre le Centre Roland-Mousnier et les Archives nationales, facilitera l’accès et l’exploitation de ces sources normatives.
Publication de la correspondance et
des papiers d’État du cardinal de Richelieu
La publication de la correspondance et des papiers d’État du cardinal de Richelieu, qui restent inédits pour la période 1636-1642, a pour objectif de mettre à disposition des enseignants-chercheurs, chercheurs, et étudiants un ensemble de sources difficilement accessibles sous leur forme manuscrite, qui n’ont jamais été publiées par le passé, ou qui l’ont été sans annotation au XVIIe siècle. Les problématiques abordées rejoignent celles qu’envisage le Centre Roland Mousnier : histoire politique, histoire des relations internationales, histoire du droit et des institutions, histoire religieuse, culturelle, économique, financière, monétaire, histoire sociale, histoire des idées.
Édition critique du journal du président Lefèvre d’Ormesson de Noiseau (1771-1774)
Le projet a pour but de publier une édition critique du journal inédit tenu, de 1771 à 1774, par Lefèvre d’Ormesson de Noiseau, président au parlement de Paris. L’initiative en revient, à l’origine, à Wolfgang Mager, professeur à l’Université de Bielefeld : celui-ci fit naguère financer une première transcription du manuscrit, qui fut réalisée par Ronan Tallec, docteur en histoire moderne. L’entreprise a désormais été reprise par Reynald Abad, professeur à la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université, qui travaille à établir la transcription définitive du manuscrit et à rédiger l’appareil critique indispensable à sa compréhension. Cette édition est destinée à paraître chez Classiques Garnier, avec l’aimable autorisation de la famille d’Ormesson, qui détient le manuscrit original du journal.
Analyse des systèmes impériaux
Sous-axe 2
La monarchie espagnole, la monarchie française et le Brésil forment les terrains à partir desquels s’est développée, au sein du Centre Roland Mousnier, une réflexion sur l’idée de système impérial qui est de plus en plus présente dans l’historiographie mondiale. La manière dont les territoires inscrits dans les empires s’agençaient les uns par rapport aux autres a, en effet, longtemps été réduite à des relations binaires, par exemple sur le mode centre/périphérie. Sous l’effet de l’histoire atlantique ou de l’histoire globale, elle s’est diversifiée depuis une vingtaine d’années avec l’apparition de modèles multinodaux. C’est particulièrement le cas des recherches consacrées à la monarchie espagnole qui ont ainsi résolument dépassé de multiples divisions nationales nées de la fin de l’empire colonial. Elle est de plus en plus envisagée comme une monarchie polycentrique, où les stratégies politiques, diplomatiques, religieuses ou commerciales se jouaient à une vaste échelle, ainsi qu’un espace dans lequel circulaient individus, produits, croyances, cultures et modèles, même s’il était discontinu. La notion de territoire, de sa formation, de son organisation et de son administration, est centrale dans cette approche.
Au sein de ces questionnements, Bertrand Haan s’intéresse à différentes facettes de l’histoire politique de cet ensemble plurinational au XVIe siècle principalement à travers quatre thèmes : la manière dont évolue la conception du politique à un moment déterminant de son émergence, les liens politiques mis à l’épreuve des phénomènes de désobéissance à l’autorité, la construction des identités nationales, et, enfin, les processus de constructions territoriales.
Sur l’administration de l’Empire portugais aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Laura de Mello a, quant à elle, établi un dialogue critique avec l’historiographie portugaise contemporaine (F. Bethencourt, N. G. Monteiro, A.M. Hespanha) en essayant de mettre en évidence l’importance des contextes historiques spécifiques souvent capables de produire des phénomènes variés et hétérogènes dans l’empire portugais. La question de la distance, d’un côté, et celle de l’expérience personnelle des administrateurs sur place, de l’autre, l’intéressent, en particulier dans le cadre d’un ambitieux programme de travail sur les monarchies et les cours de l’Europe du Sud en exil au tournant des XVIIIe et XIXe siècles.
Dans cette même perspective, François-Joseph Ruggiu anime un groupe de recherche qui travaille à une histoire impériale des colonies et des établissements ultramarins français aussi bien d’Amérique que d’Afrique et de l’Océan Indien. Ce groupe s’intéresse aux continuités entre l’accroissement du territoire du royaume à partir de la fin du XVe siècle et la création des espaces ultramarins appartenant à la Couronne de France, ainsi qu’aux modes administratifs et économiques d’instauration de la relation coloniale entre ces territoires et la métropole. L’enquête sera menée sur la longue durée du milieu du XVIe siècle, lors des premières tentatives d’établissement jusqu’au milieu du XIXe siècle, lorsque la conquête de l’Algérie, et surtout le passage à son occupation territoriale, témoignent d’une nouvelle conception de l’empire.
TERRITORIALISER
LES ESPACES MODERNES,
XVe-XIXe SIECLE
La construction du territoire est un enjeu de première importance alors qu’en Europe les États centraux se renforcent et que les Européens cherchent à étendre leur domination sur des espaces d’outre-mer. Cette vaste entreprise de reconfiguration, l’ensemble des acteurs, des échelles, des projets et des imaginaires et identités méritent d’être considérés conjointement. Ce projet de recherche collectif entend étudier ces processus de construction mouvants et leurs dimension impériale dans le Vieux comme les Nouveaux mondes.
La fuite des rois :
Savoies, Bourbons, et Bragances
dans la crise de l'ancien régime (1798-1808)
Le projet porte sur le déplacement de trois cours européennes – celles de Turin, Naples et Lisbonne – dans le contexte de la crise de l’Ancien Régime. Face à l’incursion des armées françaises dans l’Italie et dans la Péninsule Ibérique, les souverains de Sardaigne, Naples et Portugal ont dû quitter leurs capitales, les premiers à deux reprises – en décembre 1798 et février 1806 – et le dernier en novembre 1807, sous la pression des tensions entre la France et la Grande-Bretagne. Le contrôle des points-clefs de la Méditerranée – Cagliari, Palerme, Malte – et de la côte méridionale de l’Amérique du Sud – de Rio de Janeiro à Buenos Aires – a joué un rôle capital dans les alliances alors esquissées et a démontré que la politique de neutralité essayée par ces trois puissances périphériques était impossible.
Pour une histoire impériale
des colonies françaises,
XVIe-XIXe siècle
L’ambition de ce projet est d’écrire une histoire impériale des colonies françaises sur la longue durée à partir d’une approche des relations institutionnelles qui unissaient le royaume et le roi de France avec les colonies de l’époque moderne. Il s’inscrit dans le renouveau de l’histoire impériale tel qu’il a parcouru les historiographies britannique ou ibérique depuis une vingtaine d’années. Au sein du Centre Roland Mousnier, il associe particulièrement François-Joseph Ruggiu, professeur à Sorbonne Université (détaché au CNRS), Marie Houllemare, professeure à l’Université de Picardie-Jules Verne, membre de l’IUF, Matthieu Gellard, MCF à l’Inspé Paris, et David Chaunu, doctorant et ATER à Sorbonne Université.