Eric Detoisien

Les menuisiers lyonnais formaient une communauté autonome depuis le milieu du XVe siècle. Leur vie, professionnelle et spirituelle, était régie par des statuts établis par les maîtres et contrôlés par une police locale alors prérogative du Consulat à Lyon. Au cours du XVIIIe siècle, leur organisation et leur fonctionnement durent s’adapter face aux tensions internes et aux relations, souvent conflictuelles, avec les autres métiers. Les procès et la pression fiscale mirent à mal les finances, mais ce furent les réformes de Turgot qui engendrèrent les conséquences les plus importantes sur la structure et les rapports de force au sein de cette communauté jusqu’à sa suppression en 1791. Les menuisiers ne vivaient pas en autarcie, ils collaboraient avec d’autres métiers tels les sculpteurs, les charpentiers et les tapissiers. Ces réseaux, familiaux et professionnels, contribuaient au fonctionnement des ateliers, à la réussite et au déclin de certains. L’influence de Paris, la situation artistique et géographique de Lyon, tout autant que les drames personnels et les remous politiques du dernier siècle de l’Ancien Régime, contribuèrent à forger le style du siège lyonnais.