Londres, naissance d’une capitale politique
(vers 1160-vers 1230)


Frédérique Lachaud

Résumés

Ce projet de recherche part du postulat que les années 1160-1230 ont été décisives dans la construction de Londres en tant que capitale politique et que ce développement a laissé une empreinte profonde sur la culture politique anglaise. La transformation de Londres au cours de cette période de bouleversements politiques est le résultat de l’interaction entre différents courants : les élites dirigeantes de la ville, l’administration royale, l’aristocratie religieuse et laïque résidant à Londres, les écoles et les églises. Le projet s’appuie sur l’étude des textes (politiques, juridiques, administratifs, historiques) produits dans cet ensemble polycentrique afin de cerner l’émergence d’une culture politique londonienne originale.

The decades c. 1160-c. 1230 were decisive in the construct of London as a political capital, a development that left a deep imprint on the English political culture. The political transformation of London in this period of upheaval was the result of the interaction between different strands of political culture and language, created by the governing elites of the city, the royal administration, the religious and secular aristocracy in residence in London, the schools, and the churches. The project is based on the study of texts (political, legal, administrative, historical) produced in this polycentric urban context, in order to identify the emergence of an original London political culture.


Présentation du projet

Les élites londoniennes prétendaient avoir leur mot à dire dans le choix des rois, et défendaient leurs privilèges commerciaux, mais la culture politique de Londres doit être comprise de manière plus vaste : la transformation politique de Londres au cours de cette période de bouleversements a été le résultat de l’interaction entre la culture politique et le langage des élites dirigeantes de la ville, de l’administration royale, de l’aristocratie religieuse et séculière et de la société civile. C’est cette interaction qui a permis l’apparition d’une culture politique distinctement londonienne. Le but du projet est d’identifier les positions prises par les différents acteurs en relation avec les questions politiques plus larges de cette période : les luttes au sein de la famille Plantagenêt, le conflit entre Henri II et Thomas Becket, le conflit entre les Plantagenêt et les Capétiens, l’absence de Richard Cœur-de-Lion et ses conséquences, les troubles du règne du roi Jean, l’invasion française de 1216-17, et la politique à l’égard des juifs. Le projet s’appuie principalement sur l’étude des sources textuelles : celles-ci enregistrent le point de vue des clercs, mais une analyse approfondie des textes peut permettre de cerner les préoccupations d’une population plus large. Il s’agira aussi de proposer un récit renouvelé des événements qui ont entouré l’apparition de la commune de Londres pendant l’absence de Richard Cœur de Lion à la croisade : le livre fondateur de Christopher Brooke a maintenant un demi-siècle (London, 800-1216: The Shaping of a City, 1975), et il est également impératif de replacer Londres dans un contexte plus large, la cité étant une plaque tournante commerciale pour l’ensemble des îles Britanniques, mais en contact avec les principales zones commerciales des Flandres, de l’Allemagne et de la France. Un aspect important du projet sera de mettre en exergue les spécificités de Londres en tant que capitale par rapport à Paris : Londres apparaît moins homogène que la capitale capétienne, et la diversité des courants politiques qui la marque a contribué à sa culture politique originale, notamment la place des assemblées et le rôle de Londres dans la création de la « communauté du royaume ».


Publications :

Frédérique Lachaud, « Criminalité, violence et société armée à Londres dans la seconde moitié du XIIe siècle », dans Élodie Lecuppre-Desjardins et Valérie Toureille (dir.), Prendre les armes, prier le Ciel et tenir la plume à la fin du Moyen Âge. Mélanges en l’honneur du professeur Bertrand Schnerb, Revue du Nord, t. 105, janvier-juin 2023, p. 263-274.

Frédérique Lachaud, « La collection londonienne de lois. Un “miroir” pour Louis de France (1216-1217) ? », dans Les Miroirs aux princes aux frontières des genres (VIIIe-XVe siècle), dir. Nicolas Michel, Paris, Classiques Garnier, « Rencontres », 554, 2022, p. 149-183.

Frédérique Lachaud, « Jean sans Terre et Londres », dans Gouverner l’Empire Plantagenêt (1152-1224) : autorité, symboles, idéologie, 7-9 octobre 2021, Abbaye royale de Fontevraud, dir. Martin Aurell, Conseil Régional Pays de la Loire, 2021, p. 326-353.

Frédérique Lachaud, « Les Capétiens et leur royaume dans l’œuvre historique de Ralph de Diceto », dans Xavier Hélary et Alexis Grélois (dir.), Mélanges remis à Élisabeth Lalou, 2024 (sous presse).

Frédérique Lachaud, « Le Pantheologus de Peter de Cornouailles : un projet exégétique et pastoral inédit à Londres vers la fin du XIIe siècle », dans Frédérique Lachaud, Marielle Lamy et Sumi Shimahara (éd.), L’Expérience exégétique au Moyen Âge et à l’époque moderne, Brill, 2024 (sous presse).

Frédérique Lachaud, « Le Liber disputationum Petri contra Symonem Iudaeum de confutatione Iudaeorum (Eton College, ms. 130) de Peter de Cornouailles, prieur de Holy Trinity Aldgate », article soumis à la Revue des études juives, 2024.

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