Les émotions alimentaires en ville​


Fabien Faugeron

Résumé

Ce nouveau projet s’inscrit dans le cadre du programme MEDIEVARS coordonné par Elisabeth Gaucher-Remond (Université de Nantes) qui débouchera sur la rédaction d’une partie d’un ouvrage collectif intitulé Les émotions en ville. Subjectivité et environnement urbain au Moyen Âge et à la Renaissance. Le titre provisoire du chapitre en cours de préparation est « Emotions urbaines et goût de la ville : perceptions / réalités du marché et de la table des citadins dans les derniers siècles du Moyen Âge, entre identité et altérité ».


Présentation du projet

Cette contribution entend interroger la perception sensorielle et émotionnelle des témoins (voyageurs, pèlerins) mais aussi des acteurs (artisans, commerçants, clients et mangeurs) de la distribution et de la consommation alimentaires en ville. Le « fait alimentaire » mobilise en effet de nombreuses émotions en lien étroit avec les sens : étonnement, surprise, admiration devant la profusion et la diversité des denrées échangées dans les grandes cités, mais aussi vigilance, crainte, peur ou encore colère (les fameuses « émotions » populaires) lorsque ces dernières viennent à manquer, que leur prix croit, ou encore qu’elles sont suspectées d’être adultérées ou avariées. Le marché urbain, volontiers célébré comme un théâtre de l’abondance mais aussi caisse de résonance des pénuries et chertés, appréhendé tel un paysage visuel, sonore, olfactif et gustatif constituera l’un des lieux privilégiés ici pris en examen ; ne seront pas oubliées, en outre, les boutiques des commerçants de bouche ou encore les tavernes, tables d’hôtes et autres débits de « prêt à manger », ni le petit commerce ambulant et les regrattiers. Le croisement de sources diverses (récits de pèlerins et de voyageurs, chroniques, statuts de métiers, archives judiciaires et sanitaires, littérature notamment des « cris » du marché etc…) visera à expliciter cette perception sensorielle et émotionnelle, et à la mettre en relation avec les représentations souvent mobilisées (corne d’abondance, pays de Cocagne, stéréotypes régionaux/« nationaux » en plein essor etc…) mais aussi avec les réalités spécifiques de l’expérience urbaine du fait alimentaire dans quelques grandes cités européennes, telles que Venise, Rome et Paris.

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